Les Persécutions

Le procès et le témoignage de l'Église primitive 

Les persécutions témoignent de la puissance maléfique de l'Empire romain contre l'église chrétienne encore jeune et sans défense humaine. Les persécutions représentent un conflit humain et religieux qui a duré près de 300 ans, dont les résultats ont contribué à façonner notre civilisation occidentale, plus qu’aucune autre force ou influence.

La cause profonde des persécutions qui ont frappées la jeune église se trouve dans l’amour et l’obéissance de cette dernière aux paroles et commandements de son Seigneur, Jésus de Nazareth.  Jésus, un jeune menuisier, un jeune paysan galiléen a ordonné à ses adeptes non lettrés d'aller dans le monde entier, et de faire des disciples, en répandant la Bonne Nouvelle de la venue du Royaume de Dieu à travers sa personne et son ministère. En réponse à la souffrance et à la mort de leur maître pour enlever leurs péchés, les disciples à leur tour ont accepté de souffrir et de connaître le martyr par amour à leur Seigneur Jésus-Christ.

Toutefois, les chrétiens n'étaient pas constamment persécutés partout et sans relâche. Les persécutions étaient sporadiques,  variées en intensité, et souvent limitées à une ou à quelques provinces de l’empire. Les persécutions généralisées étaient rares. La première persécution qui a embrasé toute l'empire s’était produite avant l'an 250. 

Certes, l'Église primitive n’encourageait pas les chrétiens à se faire martyrs, mais elle enseignait à ces derniers de l’endurer si nécessaire. Tertullien, un père de l'église, s'écria: «Toutes vos cruautés ne peuvent rien accomplir. Plus vous nous détruisez, plus nos nombres augmentent. Le sang des chrétiens est la semence de l’église. " En effet, plusieurs personnes étaient devenues chrétiennes touchées par le courage et la fidélité des martyrs. Mais pour la majorité des non chrétiens de l’empire romain, la persécution des chrétiens n’était rien d’autre qu’un divertissement public ; considérant les chrétiens comme des personnes excentriques, sinon loufoques.  Habituée à la violence, la société romaine a accueilli les persécutions sans remords.  Mais malgré cette indifférence et méchanceté, les persécutions ont contribué à l’affermissement de la nouvelle foi. 

Jésus et ses disciples étaient tous des juifs. Ainsi, le christianisme a commencé comme une secte du judaïsme. Mais les enseignements radicaux des «Pratiquant du chemin», comme les chrétiens étaient appelés à l’époque, ont causé une résistance, hostilité et division profondes. Les disciples de Jésus n'ont fait aucun effort pour être subtils. Sans détours, ils ont proclamé que Jésus était le Messie promis et attendu par les juifs ; par conséquent, les membres de la nouvelle communauté de foi représentaient le nouvel et vrai Israël.

Pendant les trois premiers siècles, c'est d'abord et avant tout le pouvoir de Rome qui menaçait la survie du petit mouvement chrétien. Ainsi, pendant les débuts de l’église, devenir chrétien était un risque ; cela signifiait la désapprobation sociale, avec des conséquences pour aller jusqu’à l'arrestation, la perte de ses biens, la torture, voire la mort.  Mais le Christ avait déjà avertit ses disciples concernant les persécutions qu’ils endureront de la part des ceux qui n’appartiennent pas à l’église.

(NÉRON 54-68 A.D.)

La première persécution vint sous l'empereur Néron, un despote méchant et peut-être fou. Le Grand Incendie de Rome a balayé dix des quatorze quartiers de la ville en l’an 64 après JC. La rumeur circulait que c’était Néron lui-même qui aurait incendié la ville, poussé par le désir d’en construire une autre.  Mais pour détourner l’affaire, Néron accusa les chrétiens d’être responsables de ce grand malheur qui avait frappé l’empire.  

L'historien païen Tacite, qui n'était pas un sympathisant de l’église, et qui considérait leur foi comme une «superstition mortelle» écrit les paroles suivantes dans ses Annales sur l’incendie de Rome et les fausses accusations portées contre les chrétiens: «Il y a eu diverses tentatives de dissimulation qui n’ont pu nous dissuader sur l'idée selon laquelle, derrière le grand feu se trouvait Néron lui-même. Il avait besoin d'un bouc émissaire. Il choisit donc un groupe bien connu pour leurs abominations. Les chrétiens, partisans d'une superstition mortelle. Ceux qui prétendaient être chrétiens ont été arrêtés, des milliers d'entre eux. Ils ont été condamnés, pas tant pour le crime d'incendie criminel, mais de haine envers la race humaine. Ils ont été moqués, jetés à des chiens enragés et cloués sur des croix. Néron les utilisait même comme des torches humaines pour illuminer ses jardins. Maintenant, alors que ces gens méritaient des punitions publiques et sévères, on ne pouvait s'empêcher de ressentir de la compassion pour eux. La punition était hors de proportion par rapport au crime. Ils furent impitoyablement détruits pour satisfaire la cruauté d'un homme. »

(DOMITIEN 81-96)

Domitien prit au sérieux l'idée de la divinité de l'empereur. Il était heureux d'être appelé «Notre Seigneur et Dieu», au point d’utiliser l'expression pour se référer à lui-même. Pendant son règne, on s'attendait à ce que les citoyens offrent de l'encens au «génie de l'empereur». Mais les chrétiens ne pouvaient accepter un tel blasphème et idolâtrie.  Ils refusèrent donc d'offrir de l'encens à Domitien. La persécution qui en résultera sera sélective et surtout limitée aux chrétiens de l'Asie Mineure, particulièrement à ceux de Rome.

(TRAJAN 98-117)

Trajan était un souverain respecté, considéré comme l'un des meilleurs empereurs. Et nous obtenons un aperçu précieux et intéressant sur la vie de l'église pendant son règne.  Bien qu’il permettait la persécution des chrétiens qui ouvertement s’opposaient aux religions romaines, Trajan refuse que ses officiels, spécialement ses gouverneurs, ne se lancent dans la chasse aux chrétiens.  Selon ce dernier, si les chrétiens ne font rien de criminel, ils ne doivent pas être inquiétés.

(ADRIEN 117-138)

Hadrien était l'un des empereurs romains les plus compétents et efficaces ; il poursuivit la politique établie par Trajan concernant le traitement des chrétiens. Pendant son règne, la persécution n'était que ponctuelle et en réaction aux pressions locales. Adrien peut même avoir servi d'influence restrictive sur ceux de ses officiels qui avaient un zèle exceptionnel contre les chrétiens. Un document officiel laissé par Adrien datant d’environ 125 A.D.,  ordonne qu'un accusateur doit soumettre une preuve contre les chrétiens avant toute punition. Et les accusateurs qui apportaient des accusations vaines et frivoles recevraient une punition encore plus grande.

(ANTONIN PIUS 138-161)

Antonin Pius a fourni un degré de protection pour les chrétiens, du moins dans certains cas. Cependant, c'est sous son règne que s'est produit un martyre qui a laissé un souvenir indélébile dans toute l'histoire de l'église. C'était la mise à mort par feu du vénérable Polycarpe un fidèle de 86 ans, disciple de l'apôtre Jean, qui habitait la ville de Smyrne en Asie Mineure.

(MARCUS AURELIUS 161-181)

Marcus Aurelius était un bon empereur. Bien qu’un distingué philosophe stoïcien, il regardait le christianisme avec mépris. Sous son règne, l'empire a connu une série de catastrophes naturelles: inondations, incendies, tremblements de terre et peste. Il y avait une clameur populaire pour que le sang des chrétiens soit sacrifié pour apaiser les dieux. Marcus a fini par approuver une horrible persécution contre l’église, qui a eu lieu en 177 dans les villes de Lyon et de Vienne, dans le sud de la France.

(SEPTIMIUS SEVERUS 202-211) 

Sous Septimius Severus, la conversion au christianisme était spécifiquement interdite, même si Septimius avait des chrétiens dans sa propre maison. Un autre martyre qui a laissé un impact durable sur l'église a eu lieu pendant son règne. Elle a eu lieu en Afrique du Nord, où Perpétue, une jeune mère qui allaitait son bébé, et sa servante Felicitas, enceinte et proche de l'accouchement, ont été arrêtées. Ils ont ensuite été déchirées par des bêtes affamées devant une foule enthousiaste dans l'amphithéâtre, et finalement poignardés à mort par des soldats. Puis vint un autre interlude de paix relative, qui a vu une expansion rapide de l'église, avec des milliers de nouveaux convertis.

(DECIUS 249-251, VALÉRIEN 253-260)

Mais la paix était de courte durée pour l’église. Sous les règnes des empereurs Decius et Valérien, l’église a connu une persécution sévère. Avant l'église était considérée comme une simple nuisance religieuse, maintenant, elle était perçue comme une menace réelle contre l’empire, et qui devait être détruite sans délai. Ainsi, commence la première persécution officielle de l'empire. Les chrétiens se voient refuser le droit de se réunir et sont menacés de mort. Leurs propriétés sont confisquées. Les évêques étaient une cible spéciale. La stratégie était de décapiter le leadership de l’église de sorte que les fidèles restent sans soutien spirituel. Tous les citoyens étaient obligés de sacrifier aux dieux. Le nombre exact de martyrs sous Decius et Valérien est inconnu, mais il dépasse celui de toutes les persécutions précédentes. Cette première persécution à l'échelle de l'empire se termina brusquement en 260, lorsque l'empereur Valérien fut capturé pendant une guerre avec les Perses. Dans la paix générale qui suivit, les églises crurent rapidement en nombre, en richesse et en influence. Beaucoup de chrétiens occupaient des postes importants dans l’empire. Et dans la seconde moitié du troisième siècle, les édifices de l'église ont commencé à être érigés. Quelques-unes étaient magnifiques, avec des vases d'or et d'argent pour les services eucharistiques.

(DIOCLÉTIEN 284-305)

Dioclétien était un empereur habile. Il a travaillé avec diligence pour rétablir la force et l'unité de l'empire qui s’affaiblissaient considérablement. Pendant les vingt premières années de son règne, Dioclétien laissa les chrétiens en paix. Sa femme Prisca, sa fille Valeria, et une grande partie de son administration étaient membres de l’église et en défendaient la cause. Mais une fois que Dioclétien s’est laissé emporter par l'idée de la divinité de l'empereur, il vint à obliger tous ceux qui l’approchaient de s’agenouiller, le front touchant le sol. 

Plus le christianisme progressait dans l’empire, moins l’adoration de sa personne était suivie.  Bien que craignant de s’attaquer directement aux chrétiens, Dioclétien confia la tâche maléfique de la persécution des adversaires à sa divinisation à son fils Galerius, pendant l’hiver de l’an 302.  Ce dernier se lança dans une persécution atroce de l’église.   

Le 23 février 303, fête du dieu Terminus, fut la date choisie par Dioclétien et Galerius pour commencer la persécution contre l’église, espérant ainsi mettre fin au christianisme. Des édits furent publiés, décrétant que le licenciement de tout chrétien occupant un poste public.  Galerius annonça que les chrétiens devaient être torturés; leurs Écritures Saintes confisquées et brûlées; les bâtiments de l'église détruits; leurs droits civils révoqués.  Les évêques et dirigeants d'églises devaient être arrêtés et contraints de sacrifier aux idoles. Les chrétiens étaient livrés aux bêtes féroces, brûlés, crucifiés, mis à mort par toutes méthodes de torture fiables, etc.

La persécution sous Dioclétien était si sévère que plusieurs chrétiens renièrent leur foi.  Mais la majorité de chrétiens restèrent fidèles à Jésus-Christ.   Cette persécution dura pendant huit ans.  Mais malgré sa sévérité, la persécution sous Dioclétien ne put détruire l’église.  L’église connaîtra finalement une paix duration en 313 après la conversion de l’empereur Constantin.  De religion interdite, le christianisme deviendra la religion d’état.


Последнее изменение: вторник, 21 марта 2017, 14:05