Le grand schisme papal 1378-1417
Le grand schisme papal 1378-1417
Revue de l’Histoire Chrétienne, numéro 28
Par Dr. Francis Oakley
L'église médiévale est entrée dans une grave crise qui a durée quarante ans, quand deux, et plus tard trois papes, rivalisaient pour la suprématie.
En 1377, après que la papauté eut résidé depuis près de soixante-dix ans à Avignon, sous l'ombre du pouvoir royal français, Gregory XI réussit finalement à le ramener à Rome. Il l'avait fait malgré l'hostilité d'une partie de la noblesse romaine et de certains de ses cardinaux. Quand il mourut en mars 1378, six des vingt-deux cardinaux étaient encore en résidence à Avignon, où une partie considérable de la bureaucratie papale fonctionnait encore.
Avec la mort de Grégoire XI, les prélats de Rome craignaient l'élection d'un pape français et le retour de la papauté à Avignon. Par conséquent, l'élection papale qui eu lieu en avril s’était passée au milieu d'une confusion générale. Il y avait même des - émeutes en dehors du conclave et de la dissension intérieure. Le conclave s'est terminé par l'élection d'un candidat de compromis, Urbain VI (1378-1389), un Italien qui avait servi à Avignon. Mais le comportement abusif du pape nouvellement élu poussa les cardinaux à le déposer, et de choisir à sa place l’un d’entre eux, Clément Vll (1378-1394). Au cours de l'été 1379, après avoir échoué à trouver résidence à Rome, Clément pris résidence à Avignon. Ainsi se formera deux sièges, abritant chacun un pape. Le pape de Rome, et le pape d’Avignon.
Rapidement, les puissances politiques de l’époque s’alignèrent chacune derrière un pape. La France, la Castille et l’Écosse s’alignèrent derrière le pape Clément d’Avigon. L’Angleterre et une partie de l’Allemagne soutinrent le pape Urbain, de Rome. La conséquence naturelle de ces deux papautés c’était avant tout la confusion administrative, ainsi que l’anxiété spirituelle des membres de l’église alignés derrière chaque pape.
Le Concile de Constance
Les efforts entrepris pour réunifier l’église sous la direction d’un seul pape, a ajouté au problème par l’élection d’un troisième pape, en 1410. C’est finalement pendant le concile de Constance. Ce concile a conduit à l’élection d’un nouveau pape, Martin V (1417-1431), à qui l’église réunifiée a fait allégeance.
Les réalisations de ce Concile sont significatives. Le Concile de Constance n’a pas seulement mis aux années de turbulences dans l'église, il a aussi clarifié plusieurs croyances historiques concernant la papauté :
• Bien qu’investi par Dieu, le pape n'était plus considéré comme un monarque absolu ;
• Dorénavant, le pape ne possédait qu’une autorité ministérielle, déléguée par la communauté des fidèles et pour le bien de toute l'église;
• La communauté des fidèles ne se dépouillait pas de son autorité par le fait d'avoir élu son dirigeant ;
• La communauté des fidèles exerçait son pouvoir par ses représentants réunis en conclave général, avec autorité de déposer le pape si nécessaire.
Dr. Francis Oakley is president of Williams College in Williamstown, Massachusetts.