La création en six jours (Dr. Feddes)
Dieu semble-t-il peu crédible ?
Les observations précédentes font partie des questions difficiles qui viennent de l'interprétation de l'histoire des origines racontée dans le livre de la Genèse. Les difficultés rencontrées dans l'interprétation du livre de la Genèse ne viennent pas uniquement du questionnement de la science moderne.
Depuis l'antiquité, les humains se posent des questions sur les phénomènes inhabituels de la nature. Mais les phénomènes naturels qui sont difficiles à expliquer, remettent-ils alors en cause automatiquement la crédibilité du récit biblique des origines tel relaté dans le livre de la Genèse ? Non, certes pas. Les aspects difficiles de la narration biblique des origines trouvent leur difficulté dans le fait qu'ils nous relatent des événements primordiaux, pour lesquels nous n'avons pas de référence de comparaison. La Bible nous relate ce que le monde était à l'origine, avant que nous ne puissions l'expérimenter comme dorénavant. En effet, l'aspect merveilleux de l'histoire des origines vient certainement de la nature merveilleuse du Dieu biblique. Car, comme l'affirme l'auteur biblique : « Car rien n'est impossible à Dieu. » (Luc 1 : 37)
En effet, notre intelligence humaine est limitée ; l'intelligence divine est illimitée. Confronté à plusieurs de ses concitoyens qui avaient de la peine à saisir et à croire dans la réalité de la résurrection, le Seigneur Jésus-Christ leur dit : « Jésus leur répondit : Vous êtes dans l'erreur, parce que vous ne comprenez ni les Écritures, ni la puissance de Dieu. » (Matthieu 22 : 29)
Selon le Seigneur Jésus, si nous connaissons les Saintes Écritures, et si nous connaissons la puissance de Dieu, nous ne rencontrerons aucune difficulté à croire en ce que la Bible nous dit concernant la résurrection des morts. Il en est de même pour la foi en la création divine en six jours. En effet, pourquoi serait-il moins difficile pour Dieu de ressusciter les morts de la poussière de la terre (Daniel 12 : 2), et il serait plus difficile pour lui de créer le monde et les hommes qui l'habitent ? Si selon Apocalypse 21 : 23, la nouvelle création de Dieu n'aura pas besoin du soleil pour l'éclairer, mais que sa lumière viendrait de Dieu lui-même, en quoi donc est-ce que Dieu ne pouvait pas être la lumière originelle qui éclairait le monde avant la création du soleil ? Si la création future de Dieu était sans violence (Ésaïe 11 : 6-9), pourquoi alors aurait-il été impossible à la création originelle d'avant la chute, d'être sans violence ? Souvent, nous raisonnons et parlons à partir de ce que nous expérimentons ici et maintenant, dans notre contexte de vie. La science est basée sur la description de la nature telle qu'existe ici et maintenant. Mais cela ne garantit en rien que le monde aurait été le même dans le passé, comme il est maintenant dans le présent ; ou encore qu'il serait de même dans le futur comme il est maintenant. Nous ne pouvons saisir le monde originel en projetant dans le futur les réalités naturelles présentes.
Qui nous confirme que le monde a toujours été comme il est maintenant ; et qu'il sera toujours le même comme maintenant ? Si nous basons notre foi sur le monde tel qu'il se présente à nous dans le présent, et sur sa perception par notre intelligence humaine, nous nous trompons, parce que nous ne serions pas en mesure de connaître les Saintes-Écritures et la puissance de Dieu, comme l'a dit le Christ. Est-ce mauvais, si Dieu fait quelque chose qui dépasse notre intelligence ? Un dieu qui n'est capable que de ce que peut imaginer notre imagination est un dieu, produit de notre fabrication. Les voies du Dieu biblique ne sont pas nos voies à nous. Le Dieu biblique agit souvent au-delà de notre intelligence ; telle la création du monde en six jours.
Un monde récent ?
La Bible nous révèle Dieu comme le créateur glorieux, lequel, « en six jours, . . . a fait les cieux, la terre et la mer, et tout ce qui y est contenu. » (Exode 20 :11 ; 31 :17). Plusieurs croient que les découvertes scientifiques modernes rendent l'affirmation biblique précédente caduque. Plusieurs personnes, même certains chrétiens, ont difficile à croire que les six jours de la création étaient des jours normaux de 24 heures. Plusieurs ont difficile à accepter que Dieu ait vraiment créé le monde en six jours, et que le monde ne serait pas aussi vieux comme la science l'affirme. Si nous suivons les récits de la création comme ils sont rapportés dans la Bible ; alors Adam aurait été créé pendant le sixième jour de la création. L'addition d'âges des personnes trouvées dans les généalogies du livre de la Genèse, à commencer par la création d'Adam, ferait remonter l'origine du monde à plus ou moins six mille années.
Il est possible que les généalogies ne mentionnent pas toujours tous les personnages bibliques appartenant à une famille donnée ; ainsi, au lieu de six mille ans, Adam aurait pu exister avant vingt mille années etc. Mais même vingt mille ans sont moins nombreux que les milliards d'années enseignées par la science concernant l'ancienneté du monde. Hugh Ross, un astronaute chrétien croie que les récits de la création de la Bible sont vrais. Mais il croit en même temps que le monde est vieux de plusieurs milliards d'années. Il ne trouve aucune contradiction entre ces deux positions. Hugh affirme que ceux qui défendent l'hypothèse d'un monde moins ancien, devraient aussi affirmer que le monde est plat. Hugh qui est un astronaute, a eu le privilège d'observer que le monde n'est en aucun cas plat, mais plutôt rond.
Mais contre Hugh il faut insister sur le fait que si l'astronomie nous permet d'observer le monde avec nos yeux humains, il n'existe aucun moyen scientifique pour confirmer l'âge de la terre.
Certes, il est possible de proposer des datations de l'ancienneté du monde en faisant la radiométrie des roches ; ou en observant les variations de la lumière sur les étoiles, mais toutes ces méthodes ne reposent pas sur une observation directe du monde. En effet, les roches ne viennent pas avec des dates écrites sur elles. La lumière ne nous parvient pas des étoiles avec des dates précises de leur départ etc.
Les méthodes de datation impliquent plusieurs aprioris qui conduisent à des inférences et conclusions qui ne peuvent pas toujours être prouvées. Les aprioris du présent encouragent la datation vieille du monde. Mais les recherches scientifiques de demain peuvent contredire les recherches d'aujourd'hui. Dans le domaine scientifique, rien n'est statique et absolu. La vérité scientifique ne cesse d'évoluer. Les chrétiens qui croient que le monde n'est pas si vieux comme la science l'enseigne, défendent cette position à cause de leur foi en la Bible qui nous donne des indications historiques qui nous permettent de dater l'ancienneté du monde en milliers d'années, au lieu de milliards d'années. Comme affirmé avant, il y a plusieurs chrétiens qui acceptent la théorie scientifique selon laquelle le monde serait vielle de plusieurs milliards d'années, et que les jours de la création n'ont pas été des jours normaux de vingt-quatre heures. Les chrétiens divergent donc en ce qui concerne la longueur des jours de la création. Trois théories sont proposées par ces derniers : la théorie de l'évolution théiste ; la théorie de la création progressive ; et la théorie du hiatus, de l'écart dans la création.
La théorie théiste de l'évolution
La théorie théiste de l'évolution soutient que Dieu est bel et bien le créateur, et celui qui soutien toutes choses. Mais elle accepte aussi la position scientifique selon laquelle le monde aurait évolué pendant des milliards d'années, et que les espèces auraient évoluées. En ce qui concerne les êtres humains, bien que créés par Dieu, ils auraient aussi connu le processus de l'évolution comme le reste de créatures. Selon les chrétiens qui défendent cette position, l'évolution c'est le processus par lequel Dieu aurait créé le monde. Ainsi, la création n'aurait pas été soudaine, miraculeuse comme la Bible l'affirme. La théorie théiste de l'évolution essaie de séparer les données de la Bible et celles de la science.
Elle empêche qu'elles ne puissent s'affronter. Elle définit les territoires sur lesquelles chacune est compétente : Pour connaître le monde naturel, dans son origine et dans son fonctionnement, la théorie théiste de l'évolution encourage les chrétiens à suivre les conclusions de la science naturelle. Pour connaître la portée ultime du monde, il faut se confier dans la révélation biblique. Selon cette position, nous tombons dans la confusion quand nous demandons à la science de répondre aux questions spirituelles liées à l'origine du monde. De même, nous tombons dans la confusion quand nous demandons à la Bible de répondre aux questions concernant le fonctionnement naturel du monde.
Selon les tenants de la théorie théiste de l'évolution, la séquence des six jours de la création est une simple construction littéraire, et non pas une narration historique. Les six jours de la création seraient une narration poétique présentant Dieu comme le créateur tout puissant de toutes choses. Pour cette théorie, il n'est donc pas nécessaire de se poser des questions concernant l'âge de la terre, ni de la présence de la lumière le premier jour de la création, avant la création du soleil, au quatrième jour. Ces questions seraient les symptômes d'une lecture littéraliste du texte biblique. Les différentes œuvres créatrices de Dieu décrites dans le livre de la Genèse ont un but poétique. Elles démontrent simplement le fait que Dieu aurait tout créé, sans que cela n'ait aucune signification scientifique.
Pour comprendre le fonctionnement du monde aussi bien à l'origine que maintenant, les tenants de la théorie théiste de l'évolution renvoient les chrétiens à la science, parce qu'elle seule serait détentrice de la vérité naturelle sur le monde.
Mais la théorie théiste de l'évolution est erronée. Cette théorie croit aux conclusions scientifiques sur l'évolution, mais ne croit pas à la crédibilité historique du témoignage biblique sur la création. Genèse 1 n'est pas un texte poétique. Il est un texte en prose. Il est une histoire, et non pas un mythe des origines à portée religieuse. Plusieurs tenants de la théorie théiste de l'évolution ne croient pas qu'Adam et Ève étaient des personnages historiques, créés à l'image de Dieu. Ils ne croient non plus en l'historicité de la chute d'Adam et d'Ève dans le péché. Une telle position remet en cause l'enseignement de Jésus dans le Nouveau Testament.
En effet, le Nouveau Testament enseigne que Jésus est le nouvel Adam qui est venu redonner la vie, là où le premier Adam a donné la mort à l'ensemble de l'humanité. (Romains 5 :12-19, 1 Corinthiens 15 :45-50). De toutes les théories de la création défendues par les chrétiens, la théorie théiste de l'évolution est la plus éloignée de la vérité biblique. Elle ne doit donc pas être suivie par les chrétiens qui reconnaissent l'autorité ultime de la Bible.
La théorie de la création progressive
La théorie de la création progressive est aussi appelée « la théorie de l'âge des jours » de la création. Contrairement aux tenants de la théorie théiste de l'évolution qui considèrent les jours de la création comme des simples unités littéraires, les tenants de la théorie de la création progressive reconnaissent l'historicité des jours de la création biblique. Toutefois, ces derniers affirment que les jours de la création biblique ont une durée plus longue que les jours habituels de 24 heures. S'appuyant sur Psaume 90 : 4, et 2 Pierre 3 : 8, qui affirment que devant Dieu, mille ans sont comme un jour. Ainsi, Dieu mesure la durée des jours différemment de nous. Alors, les jours de la création seraient des périodes assez longues ; peut-être des milliers, sinon des milliards d'années. Les tenants de la création progressive acceptent donc que le monde est ancien. Ils acceptent aussi que les différentes œuvres créatrices de Dieu ont été créées telles que la Bible les déclare, sans qu'il n'y ait besoin d'évolution d'espèces. La longueur des jours de la création défendue par les tenants de cette position n'implique en rien la mutation des espèces comme c'en est le cas de la théorie de l'évolution. Ainsi, Adam et Eve ne seraient pas descendus des singes évolués. Ils seraient les dernières des créatures de Dieu, créés plus récemment, pendant le sixième jour de la création de Dieu.
La théorie de la création progressive affirme les vérités bibliques de base sur la création de l'univers. Elle reconnaît que Genèse 1 est historique et non une simple poésie littéraire. Elle reconnaît que Genèse 1 est un acte miraculeux de Dieu qui crée le monde en six jours. Elle affirme la création spéciale d'Adam et Ève. Elle accepte l'enseignement de la Bible, et répond bibliquement aux questionnements de la science moderne sur les questions des origines du monde. Plusieurs chrétiens sérieux adhèrent à cette théorie. Mais la théorie de la création progressive présente deux difficultés :
- Premièrement, l'interprétation des jours de la création comme des longues périodes des temps impose au texte de la Genèse, une signification qui ne correspond pas avec son contexte immédiat. Il est vrai que pour Dieu mille ans sont comme un jour, et vice-versa. Il est vrai que le mot hébreu « Yom », jour, peut signifier un jour de 24 heures, comme aussi une période d'une longue durée. Mais le contexte de Genèse 1 ne permet pas une lecture longue de Yom. En effet, les jours de Genèse 1 sont encerclés par un « matin » et un « soir », qu'ils ne peuvent être que des jours de 24 heures ! En effet, la Bible affirme plusieurs fois : « Ainsi, il y eut un soir, et il y eut un matin : ce fut le premier jour. » ; « Ainsi, il y eut un soir, et il y eut un matin : ce fut le second jour » (Genèse 1 : 5, 8 etc.). En outre, dans le reste de la Bible, plus de 400 fois, chaque fois que le mot Yom, « jour » est utilisé ensemble avec un numéral, « premier », « deuxième » etc., il signifie toujours une période de 24 heures ; jamais une durée indéterminée. Aussi, chaque fois que le mot Yom est utilisé en rapport avec les expressions « matin » et « soir », il signifie sans faute une période de 24 heures. Ainsi, quand le mot jour est utilisé en rapport avec matin et soir, et avec un numéral, il est sans faute question d'un jour de 24 heures, et jamais d'un jour d'une période indéterminée. Il est donc faux, du point de vue exégétique, de transférer la signification de Yom, « jour » comme une durée indéterminée ; quand celui-ci est accompagné des termes qui le qualifient comme une durée de 24 heures, comme c'en est le cas dans Genèse 1.
- Deuxièmement, la théorie de la création progressive en repoussant la longueur des journées, laisse les animaux de champs sans végétation pour les nourrir, parce que la verdure ne leur sera donnée pour nourriture seulement après la création de la race humaine (Genèse 1 : 30). Que mangeaient les animaux de champs avant le sixième jour ? Se dévoraient-ils les uns les autres, dans un monde encore sans péché ?
La Théorie du Hiatus, de l'écart dans la création
La théorie du hiatus, de l'écart dans la création lit le livre de la Genèse littéralement, et introduit un grand écart entre le verset 1 et 2 du premier chapitre de la Genèse. Selon les tenants de cette position, « Au commencement, Dieu créa les cieux et la terre. » (v. 1), signifie qu'au commencement, Dieu créa un monde sans péché. Mais au deuxième verset : « La terre était informe et vide : il y avait des ténèbres à la surface de l'abîme, et l'esprit de Dieu se mouvait au-dessus des eaux. » La création informe et vide du départ signifie pour ce dernier la présence du désordre dû au péché. En d'autres termes, c'est la présence du péché, c'est la révolte de l'homme qui a introduit le désordre dans le monde créé originellement bon au verset 1 !
Selon les tenants de cette théorie, les six jours de la création seraient des jours de 24 heures, des jours de reconstruction, après que la terre soit restée informe et vide pendant des milliards d'années ! Selon cette théorie, les œuvres créatrices décrites dans le reste des versets de Genèse 1, ne seraient pas des œuvres de création, mais plutôt des œuvres de recréation, parce que la première création du premier verset aurait déjà connu la déchéance. La théorie est franchement fantaisiste. Elle ne respecte pas la cohérence du chapitre premier de la Genèse qui conçoit la création comme un acte unifié de Dieu.
En six jours, Dieu créa l'univers
Toutes les théories analysées et critiquées précédemment, malgré leurs faiblesses, ont toutes un élément en commun : toutes, elles acceptent que l'univers ait été créé par Dieu. Toutes ces théories croient que Dieu est le créateur du monde visible. Elles forment donc un front commun contre les tenants de l'évolutionnisme qui nient l'existence du Dieu créateur. La vérité centrale de l'histoire biblique de la création c'est que la création tout entière est l'œuvre de Dieu. L'univers, dans sa complexité, dans sa beauté, exige l'existence et l'œuvre d'un créateur intelligent.
La foi dans l'existence de Dieu comme le seul créateur de l'univers est le point central, et le point de départ de l'étude scientifique de l'univers. Les divergences sur la façon dont l'univers fonctionne, ou fonctionnait à la création devraient occuper une place secondaire par rapport à la reconnaissance de l'existence du créateur divin, comme l'affirme le livre de la Genèse.
La foi en l'existence du créateur ouvre les yeux sur la vraie valeur de la science naturelle, ainsi qu'à certaines de ses présuppositions philosophiques, lesquelles n'ont aucune relation avec la science, mais sont au contraire fondées sur le rejet du surnaturel. En effet, c'est le rejet du surnaturel, c'est le rejet du Dieu de la Bible qui pousse plusieurs scientifiques à nier qu'Il en est l'auteur.
Une fois que l'on croit que Dieu est le créateur du monde ; une fois que l'on étudie sa Parole, on ne manque pas de rencontrer le Christ, son Fils, qui nous rend Dieu favorable. L'étude suivante des six jours de la création n'a pas un but polémique. Elle cherche plutôt à dégager les grandes lignes de l'enseignement spirituel du livre de la Genèse sur notre origine, en tant que créatures du Dieu tout puissant.